Le concept :
Il est important de dissocier l’angoisse de l’anxiété dans ce que constituent les phénomènes du stress. L’angoisse adresse des phénomènes physiologiques résultant de ce stress. L’anxiété est directement issue des pensées construites et présentes face à une situation potentiellement inquiétante. Ces deux phénomènes interagissent. Ils s’alimentent mutuellement face à un danger réel ou supposé.
La perception du danger se matérialise grâce à nos sens. Elle se renforce en raison de nos raisonnements. Ces deux événements simultanés mobilisent notre cerveau aux fins de réagir. Immédiatement se déclenche une hormone appelée noradrénaline secrétée pas la glande médullo-surrénale située au dessus du rein. Elle entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque, elle-même favorisant l’oxygénation des muscles et du cerveau ainsi qu’une hyperglycémie, toutes deux utiles à une réponse adaptative et rapide pour faire face au danger. Ce mécanisme et immédiat est de courte durée.
La surévaluation du danger, la mauvaise perception des enjeux, des situations déjà vécues et mal gérées par le passé, la répétition et la multiplication des dangers, peuvent conduire à maintenir un niveau de stress continu pour lequel l’organisme répondra avec un second mécanisme : le cortisol. Cette hormone va rentrer dans un processus de stimulation continue permettant de lutter longtemps. Les anxieux activent de façon quasi permanente ce cortisol et y compris face à des situations normales.
Bien comprendre les enjeux :
Ces mécanismes physiologiques sont présents dans l’organisme pour permettre à l’individu de faire face à son environnement. Ils deviennent inopportuns quand ils se déclenchent dans des situations qui ne le requièrent pas.
Tous les enjeux consistent donc à réguler, maîtriser et utiliser ces mécanismes à bon escient et de trouver la parade tant physique que cognitive pour endiguer ce trop plein de stress qui génère à terme des pathologies lourdes tant physiologiques que mentales.
En répondant de façon adaptée à des situations stressantes chaque individu mobilisera le bon stress et trouvera des réponses adaptées et mesurées aux situations auxquelles il est confronté.
En surévaluant, tant par l’émotion que par le raisonnement, les situations courantes et normales, le comportement, résultant du mixte noradrénaline/cortisol, conduira à des comportements inadaptés, épuisants est préjudiciables à l’individu.
Les personnalités naturellement anxieuses vont rendre quasi automatique cette utilisation hormonale et en être dépendantes. Elles créent un scénario comportemental qu’il est difficile de changer tant il est une réponse systémique et pavlovienne dans leur vie.
Et pourtant, les effets positifs de ce stress sont aujourd’hui parfaitement identifiés quand il est mobilisé de façon opportune. Il favorise la créativité, l’énergie vitale, la mobilisation, la résolution des problèmes et l’attention. Il rentre dans les mécanismes qui participent à la sensation de réalisation de soi, d’estime de soi et de bien-être ; chacun ayant besoin d’une forme de dépassement pour sentir, évaluer et mesurer sa valeur.
Et en pratique ?
Le stress mesuré et courant est donc un atout qui participe à la réalisation de ses objectifs. Chacun a une vulnérabilité très différente tant émotionnelle que cognitive à ce stress. Il est donc essentiel de bien connaître les situations qui peuvent générer ce bon stress et Identifier celles qui pourraient être à l’origine des comportements nocifs et nuisibles.
Pour se faire il est conseillé de dresser la liste des situations stressantes qui ont un effet bénéfique pour notre mobilisation positive. Il est alors judicieux de les utiliser au quotidien, de les prévoir, de les planifier et d’en tirer à chaque déclenchement une source de satisfaction consciente. Elles finiront par s’inscrire immanquablement dans le cerveau comme nécessaires au bien-être. Elles déclencheront durablement des automatismes dans la réponse aux situations que nous vivons.
Pour ce qui concerne les situations anormalement stressantes, il convient de mener différentes actions :
- Prendre le temps d’identifier les circonstances, le contexte, les personnes qui les déclenchent.
- Eviter le plus possible d’être confronté à ces situations.
- A défaut, s’y préparer en traitant en amont tout autant les effets potentiellement physiologiques générant des angoisses que ceux cognitifs générant de l’anxiété.
- Se prémunir des effets physiologiques consiste essentiellement à pratiquer préalablement à l’évènement qui va survenir, la relaxation, des exercices de cohérence cardiaque, la méditation ou des exercices physiques calmes et permettant la régulation cardiaque ; la marche étant un excellent moyen pour y parvenir.
- Réguler les pensées non aidantes en identifiant ce que vous vous dîtes face à cette situation en vous posant des questions du type :
- Toute personne confrontée à cette situation serait-elle dans le même état d’anxiété que moi ?
- Quels sont les éléments objectifs et non-contestables qui justifient cette anxiété ?
- Quelles sont les alternatives de pensées qui pourraient m’aider dans une telle circonstance ?
- Quel événement de ma vie passée peut infirmer ces pensées anxiogènes pour mieux affronter une nouvelle fois cette situation ?
Il est par ailleurs fondamental d’être toujours en relation avec des personnes qui savent réguler le stress et qui en font un levier de mobilisation positive. Les interroger quand vous êtes exposé à des situations qui génèrent un mauvais stress est la garantie d’être nourri de pensées aidantes et très éloignées de celles qui structurent artificiellement votre anxiété.
Manager une personne anormalement vulnérable au stress est un enjeu de taille. Il est fondamental de comprendre que le comportement excessivement anxieux et angoissé ne se régule qu’avec des approches bienveillantes et aidantes. Les injonctions du type « ne t’en fais pas ! », « ça va bien se passer ! », « les autres y arrivent bien, il n’y a donc pas de raisons que tu n’y parviennes pas », produisent l’effet inverse recherché et renforcent les effets du cocktail noradrénaline/cortisol contre-productif pour réguler le stress.
Accepter que cette personne puisse aborder les situations différemment, lui dire que l’on perçoit cette difficulté, lui demander comment l’aider, lui soumettre des pensées alternatives aidantes qui pourront atténuer les pensées anxieuses sont autant de postures utiles et productives face à elles.
Le coin de Coach&Progress :
Le stress, quand il devient une réponse systématique à toutes les situations, présente des dangers importants. Nombre de personnes vivent cette réponse sur-adaptative de façon inconsciente et sans en mesurer les effets délétères. Des tests d’évaluation du niveau de stress et de ses origines peuvent faciliter une prise de conscience.
La gestion du temps et l’allocation de plages horaires dédiées à des activités qui procurent de la satisfaction et de l’apaisement sont indispensables. Inscrire de façon durable et régulière dans son agenda un créneau « non-négociable » destiné à baisser le niveau de suractivité continue est indispensable ; éteindre son téléphone portable, se déconnecter de la messagerie, s’éloigner des informations continues par nature anxiogènes, fermer les yeux, s’étendre, laisser votre pensée peu à peu s’échapper et s’éloigner de son addiction aux préoccupations habituelles.
Choisir son stress aidant c’est également favoriser la régulation de la mobilisation tant physique que cognitive. En ayant identifié les activités qui procurent un stress positif et adapté, il est important d’en faire un axe de reconstruction en les priorisant et leur donnant plus de place que celles que prend le mauvais stress à votre corps défendant.
Les accompagnements par des professionnels peuvent enfin vous aider à identifier les origines de cette anxiété, les apaiser et vous fournir des outils alternatifs, de savoir-être et savoir-faire comportementaux favorisant un mieux-être indispensable à votre équilibre et à votre santé.