Le ciel est ouvert à ceux qui ont des ailes

Comment faire de la surefficience un atout tant pour soi que pour l’entreprise ?

Le concept :

S’il vous arrive :

  • de vous sentir comme une éponge émotionnelle et cognitive,
  • de n’être véritablement bien avec vous même que dans une hyperactivité permanente,
  • d’être déconcerté, voire déçu, par les comportements d’autrui que vous estimez bien en de ça de votre investissement personnel à leur endroit, 
  • de vivre des états d’euphorie ou de déprime brutaux et qui vous semblent imprévisibles,
  • d’être assailli par des pensées, toutes autant itératives que foisonnantes,
  • d’avoir du mal à vous concentrer,  de retenir des détails parfaitement et d’être incapable de retenir l’essentiel d’un sujet,
  • de faire preuve d’une curiosité insatiable allant même jusqu’à vous intéresser à des sujets très différents et très spécialisés,
  • de douter de vous-même et de vous dénigrer très souvent,

vous faîtes peut-être partie de cette catégorie rare, moins de 20% de la population, de surefficients.

Doté d’un cerveau droit prépondérant, bénéficiant d’une capacité de capter d’avantage d’informations que la moyenne, avec plus d’intensité que les autres (les 80% de la population composés par les normo-pensants), vous êtes des êtres précieux mais pas toujours compris. Vous vivez les aléas comportementaux de cette caractéristique émotionnelle et cognitive souvent difficilement.

Bien comprendre les enjeux :

Les surefficients sont des personnes hypersensibles, en raison d’un câblage neuronal différent et particulier. Leur faculté de capter et saisir d’avantage d’informations que quiconque les conduits à l’hyperesthésie, les noyant d’informations et de détails  visuels, auditifs, kinesthésiques, olfactifs et gustatifs, reliés entre eux et leur permettant plus aisément de faire des liens, tels la madeleine de Proust.

Leur mémorisation se structure sous forme d’arborescence dont ils sont les seuls à saisir la subtilité des associations qui en a été à l’origine. Un cerveau fonctionnant de cette manière est un générateur de doutes et de questionnements, contribuant à remettre en cause la conclusion et  à prendre des décisions infiniment plus réfléchies que le commun des mortels.

Ce cheminement tout autant cognitif qu’émotionnel favorise une altération de l’estime de soi, la peur de l’échec et du rejet des autres. Face à ce vide identitaire vont s’installer des stratégies d’adaptation en développant un « faux-self » sous forme de masque social,  poussant le surefficient à s’oublier dans des besoins et adopter des comportements inappropriés pour luiet fortement empathiques : être le boute-en-train, rendre constamment service, chercher l’assentiment des autres en étant sur-séduisant et séducteur.

Leur système de valeurs est très puissant, ce qui les conduit à trouver plus facilement que d’autres des ancrages par le sens et visualiser avec force, par ce prisme, les enjeux d’un sujet. Pour autant, cette disposition peut leur conférer une forme d’intransigeance moralisatrice quand ils constatent une transgression du socle de leurs valeurs.

Ce sont des proies idéales pour les manipulateurs, les pervers narcissiques, leur effacement identitaire, lié à une empathie démesurée, les empêchent, souvent, de détecter les comportements de manipulation.

Et en pratique ?

Comment tirer pleinement profit de cette caractéristique de surefficient ?

Prendre conscience et accepter cette caractéristique est une première étape déterminante. Maîtriser ensuite ce qu’elle produit sur le comportement permet de mieux la gérer et la canaliser.

La faculté exceptionnelle de pouvoir faire des liens émotionnels peut devenir un atout pour le surefficient, s’il pratique la« pleine conscience » en apprenant à décrypter les liaisons émotionnelles et leur richesse, à les repérer et à les maîtriser.

La capacité d’apprentissage et de mémorisation sera renforcée par la pratique du « mind-mapping ». En représentant graphiquement sur une feuille les apports d’une lecture ou d’un exposé par la technique des cartes mentales, le surefficient retrouvera plus aisément son modèle de visualisation cognitive qui favorisera le fait de retenir les informations.

Il s’agira de renoncer peu à peu à la perfection en se fixant des objectifs moins ambitieux, de découper une tâche en autant d’étapes nécessaires à sa réussite et à se réjouir des succès intermédiaires (cf. article sur les micro-habitudes).

Avoir toujours des projets enthousiasmants et pratiquer la technique du Nexting (cf. article sur la visualisation positive) seront également aidants.

Enfin sur le plan physiologique les surefficients ont souvent un déficit en sérotonine qu’une alimentation protéinée (viande, poisson, volaille, laitage, œufs), la pratique du sport et de la relaxation permettent de compenser.

Comment manager et tirer pleinement profit de l’avantage de compter dans son équipe un surefficient ?

Les surefficients peuvent être de vrais atouts dans une équipe, pour peu de savoir les manager.

  • Les aider à structurer et organiser leurs idées sur le fond est déterminant en leur proposant de les ordonner selon le principe des « niveaux logiques »
  • Le sens (Pour quoi ?)
  • L’environnement (où et quand ?)
  • Les comportements (quoi ?)
  • Les valeurs et les croyances (pourquoi ?)
  • La transcendance (avec qui et pour qui ?)
  • Les valoriser très régulièrement à travers les « petites victoires » plus qu’au travers des grandes réussites ; l’accompagnement individuel et les rituels en bilatéral fréquent est essentiel.
  • Leur proposer une activité soutenue et à même de relever des défis. Leur réponse comportementale est souvent très au dessus de la moyenne et ils peuvent devenir de redoutables porteurs de projets et vecteurs d’énergie positive dans un groupe.
  • Ce sont des hyper-créatifs qui seront une ressource appréciée dans la recherche de solutions innovantes et favorables à l’accompagnement du changement ; le brainstorming est une de leur activité préférée et à laquelle ils répondent par un foisonnement d’idées nouvelles, originales et utiles pour l’organisation.
  • Leur hypersensibilité les rend parfois susceptibles et incapables de gérer une critique ; les feed-back doivent être exclusivement portés par le ressenti du manager et non par son jugement.
  • Enfin, si le manager appartient à la catégorie des normo-pensants, il devra être vigilant à comprendre que sa structure de raisonnement est aux antipodes de celle de son collaborateur surefficient. Il lui est conseillé de pratiquer, plus qu’avec les autres membres de son équipe, un management différencié et souvent très éloigné de son fonctionnement. Les meilleures questions à lui poser peuvent être :
  • Comment vois-tu les choses ?
  • Qu’est-ce-qui te motiverait dans ce projet ?
  • Que peut-on imaginer d’autre de ton point de vue ?
  • Quel challenge veux-tu relever ?
  • …..

Le coin de Coach&Progress

Les organisations au sein des entreprises ont parfois du mal à identifier, utiliser et maintenir des talents particuliers, tels les surefficients.

La normalisation des process, souvent nécessaire à la rentabilité, la fiabilité et la conformité, se concilie mal avec des profils particuliers comme les surefficient ; et pourtant ils sont une source rare de talents, de vitalité et de créativité.

Le coaching de tels profils commencera par le déploiement d’un test d’évaluation destiné à mesurer l’intensité de la surefficience dans le comportement. Les séances seront tournées essentiellement vers le développement de l’acceptation, la compréhension des mécanismes qui la régissent, l’identification des leviers de performance à travers ses dispositions particulières et le développement de l’estime de soi indispensable à une forme d’apaisement comportemental.

Pour prolonger utilement cet article, nous vous recommandons la lecture de : « Je pense trop » de Christel Petitcollin aux éditons Guy Trédaniel éditeur.

Laurent Allain-Bassot
Laurent Allain-Bassot
Coach certifié comportemental et cognitif - Team–Builder - Consultant

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