Les biais cognitifs qui vous gâchent la vie
Le concept :
Imaginez ! Il est huit heures du matin. Vous vous apprêtez à partir au travail. Vous venez de vous servir un petit café. Et par un geste malencontreux, vous renversez la tasse de café sur vos habits propres. Et vous vous dites : « Ca va être une journée de M… !». Cette affirmation est faite sur la base de l’observation d’un événement qui s’est produit en concluant qu’il aurait une incidence sur la suite des événements de la journée que vous ne connaissez pas. C’est un biais cognitif. Il a même un nom : l’inférence arbitraire. C’est un raisonnement qui consiste à tirer une conclusion à partir d’un élément ou sans preuves suffisantes.
Peut alors se mettre en place un nouveau biais qui va accompagner votre journée : le biais de confirmation. Celui-ci consiste à privilégier les informations confirmant des idées préconçues. Si vous avez conclu que la journée se passerait mal vous accorderez moins de poids et de crédit aux informations, événements qui déjoueraient votre hypothèse initiale. Et même vous sélectionnerez consciencieusement tout ce qui confirmerait votre affirmation liminaire par un nouveau biais, celui de l’abstraction sélective.
Et pour conclure le tout et achever de gâcher votre journée, le biais de personnalisation peut se mettre en marche. « Ce qui m’arrive est de ma faute ! Mea culpa, mea maxima culpa ! ».
Ces quelques erreurs de raisonnements ne sont que quelques illustrations des dizaines d’autres existants et répertoriés et qui font de nos pensées un monde bien singulier et très souvent erroné.
Ces distorsions dans le traitement de l’information, nommées les biais cognitifs, nous conduisent à fausser nos raisonnements, à accorder de l’importance à des faits, à des événements dans des proportions, voire dans leur fondement même, inexactes et totalement reliées à notre seule réalité. Celle-ci se construisant par le prisme de nos croyances, elle nous conduit à être plus souvent proche de la vraisemblance que de la réalité ! Nos comportements en pâtissent alors.
Les outils opérationnels
Comment se prémunir des effets négatifs de ces biais cognitifs ? La meilleure façon de palier les effets de ces pensées inappropriées est d’interroger la pertinence et les fondements de nos raisonnements.
Quels sont les éléments factuels qui démontrent et confirment ce point de vue ?
Quelles sont les preuves indiscutables de cette position ?
Tout le monde pourrait-il dire la même chose de cette situation ?
Ce raisonnement est-il valable à 100% ?
Par ailleurs les biais cognitifs se nourrissant de nos croyances, celles-ci sont régulièrement en jeu pour installer les bases de nos raisonnements. Ces croyances viennent entraver le raisonnement qui du coup s’avère biaisé. Pire encore, dans un process cognitif récursif et circulaire ces croyances viennent confirmer nos pensées. C’est le chat qui se mord la queue. Nos croyances nous rendent ainsi prisonniers de nos raisonnements. Sans action de notre part, elles nous entravent dans des schémas de pensées, émotionnels et comportementaux inappropriés, stériles, voire douloureux.
Il est donc indispensable de bien maîtriser les croyances qui nous animent afin de limiter leurs conséquences en terme de raisonnement. L’exercice régulier d’introspection sur nos biais cognitifs nous démontre que ce sont souvent les mêmes croyances irréalistes qui viennent entraver nos raisonnements.
Et en pratique ?
En mode curatif :
- Repérer les comportements qui s’avèrent peu productifs ou peu adaptés.
- Ou mesurer les effets émotionnels négatifs que nous ressentons dans ces circonstances.
- S’interroger de savoir quelle(s) pensée(s) automatique les a(ont) générés.
- Soumettre cette pensée à l’analyse factuelle des faits ; interroger notre environnement pour connaître leur opinion et leur raisonnement dans cette situation.
En mode préventif :
- Eviter le plus possible d’être confronté à des situations qui activent nos croyances irréalistes.
- A défaut, être conscient et vigilant quant à l’action négative que pourra produire cette situation.
- Disposer de pensées alternatives aidantes qui limiteront les effets des biais cognitifs.
Le coin Coach&Progress©
Les approches comportementales et cognitives s’imposent régulièrement dans les approches thérapeutiques, de coaching et de management.
Elles se fondent toutes sur les mêmes outils qui consistent à traiter l’origine d’un problème (la pensée qui s’active) plutôt que la conséquence (le comportement qui en résulte).
Dans le cadre du management, cette approche remplace celle de la sanction/récompense qui n’adresse que le volet comportemental à défaut de celui de la pensée.
Elever plutôt qu’éduquer est une excellente façon d’endiguer ces biais cognitifs.
Auteur
Laurent Allain-Bassot, associé fondateur,
Coach certifié comportemental et cognitif – Team–Builder.